L’annonce du rôle joué par François, premier pape des Amériques, dans le rapprochement cubano-américain de décembre 2014, soulève plusieurs questions. Sollicité par les deux parties, le pape a exhorté Barack Obama et Raul Castro à surmonter l’obstacle des prisonniers politiques qui obérait la négociation et s’est porté garant de l’accord signé par les deux parties en accueillant une de leurs ultimes séances de négociation au Saint-Siège. Outre une première ébauche de la chronologie de la médiation pontificale, des motivations qui ont conduit Washington et La Havane à se tourner vers le Vatican, ainsi que de l’effet de cette médiation, cet article a pour objectif de replacer cette intervention dans le contexte plus large des priorités de la diplomatie papale, notamment vis-à-vis de Cuba, depuis le pontificat de Jean-Paul II qui fut le théâtre d’un premier dégel entre Rome et La Havane.
Le fait que l’Église catholique, devenue interlocutrice privilégiée du régime, accepte d’assurer une médiation, après des années passées à ignorer les exhortations de Washington à jouer un rôle de catalyseur de la transition démocratique, sur le modèle de la Pologne des années 1980, ne signifie pas un changement de priorités au Vatican. Si François souhaite par son action replacer le Saint-Siège sur le devant de la scène diplomatique, c’est bien pour y porter les préoccupations − défense des chrétiens menacés, maintien d’un espace pour l’exercice de la mission ecclésiale et promotion du dialogue entre États − qui sont celles de l’Église depuis la fin du XIXe siècle, moment à partir duquel elle exerce un rôle actif sur la scène internationale.
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