Il existe une ambiguïté au plan de la terminologie et une absence de cohérence 
dans la littérature autour du concept de justice réparatrice. Les auteurs ne 
s’entendent pas sur une définition commune de la justice réparatrice. De plus, 
nous en savons peu sur la façon dont les participants directement concernés, 
c’est-à-dire les victimes et les contrevenants, définissent ce que veut dire la 
réparation. Ce mémoire vise donc à mieux comprendre la façon suivant laquelle 
les participants définissent la justice réparatrice et comment ils expérimentent la 
réparation. Pour ce faire, une approche qualitative a été privilégiée. Vingt 
entrevues ont été menées avec des individus ayant participé à un programme de 
médiation, dix victimes d’actes criminels et dix adolescents contrevenants. 
L’analyse des entrevues nous a permis d’apprendre que la victime et le jeune 
contrevenant définissent la réparation de différentes façons. Bien que la notion 
de réparation soit nouvelle pour l’ensemble des victimes et des adolescents 
contrevenants, sa signification est différente pour les deux parties. Les victimes 
et les adolescents contrevenants ont de la difficulté à définir de façon générale 
ce que signifie le concept de réparation. Leur définition est intimement reliée à la 
situation qui les amène à participer à la rencontre de médiation. Les victimes et 
les contrevenants définissent la réparation de façon bien personnelle, en fonction 
de leurs valeurs, de leurs motivations et de leurs besoins. 
Les adolescents contrevenants voient la réparation sous un angle plus 
égocentrique que les victimes, se souciant avant tout des répercussions sur leur 
vie personnelle. Les adolescents contrevenants définissent la réparation comme 
une punition qu’ils reçoivent et non comme un geste qu’ils posent en vue de 
réparer les torts causés à la victime et à la communauté. Par contre, leur point de 
vue sur la réparation se modifie en cours de processus. Au moment où les 
jeunes sont confrontés à la victime réelle, ils deviennent plus enclins à réparer 
les conséquences du crime et moins centrés sur leurs propres besoins. Le désir 
de compenser les dommages qu’ils ont causés ne leur vient pas naturellement. 
Instinctivement, pour eux, la réparation revêt une signification de conséquence 
vi 
qu’ils sont contraints d’assumer, au même titre que les sanctions propres au 
système de justice pénale. 
Les victimes définissent la réparation sous un angle à la fois plus altruiste et 
personnel. Elles désirent s’exprimer, répondre à leurs besoins, tout en ayant la 
ferme intention d’aider et de responsabiliser le jeune en difficulté. 
Cette étude vise à identifier les éléments qui font en sorte que les victimes et les 
adolescents contrevenants ont l’impression qu’une forme de réparation s’opère 
au cours du programme de médiation. Les victimes accordent une grande valeur 
réparatrice à la réparation émotionnelle et symbolique. D’ailleurs, les deux 
parties n’accordent pas une même valeur au processus et au résultat de la 
médiation. Les victimes vivent un sentiment de réparation à travers leur 
participation au processus tandis que les adolescents contrevenants ne 
saisissent pas bien la valeur réparatrice des actions qui s’opèrent au cours de la 
rencontre. Les adolescents contrevenants ont le sentiment de réparer lorsqu’ils 
sont amenés à poser une action concrète à la suite de la rencontre. 
Ce mémoire nous permet d’adhérer à certains résultats des écrits scientifiques. 
La définition de la réparation par les vicfimes rejoint sur plusieurs points les écrits 
sur le sujet. Par contre, nous constatons que la définition de la réparation par les 
adolescents contrevenants s’éloigne des définitions proposées dans les écrits 
sur la justice réparatrice. Les adolescents contrevenants font mal la distinction 
entre la justice réparatrice et le système de justice pénale. Malgré leurs visions 
différentes de la réparation, les participants rencontrés se disent satisfaits de leur 
participation au programme de médiation. En comparant les points de vue des 
deux parties, cette étude permet de comprendre un peu mieux la dynamique 
vécue entre la victime et le jeune contrevenant au cours du programme de 
médiation et de proposer quelques recommandations en vue d’adapter le 
programme de médiation au vécu des participants. 
  
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